Les super-héros français au Futuroscope

Ces jours-ci, le Futuroscope ouvre dans le bien nommé « pavillon de l’Imaginaire (qui accueillait auparavant une attraction l’Age de Glace), une nouvelle attraction consacrée aux super-héros français, attraction pour laquelle on m’a proposé d’être consultant.

Les super-héros français au FuturoscopePetit retour en arrière : Super-Héros: Une Histoire Française est un livre que j’ai publié en 2014 et (comme le nom l’indique plus ou moins) il s’agissait d’y faire le tour des super-héros produits en France dans la littérature, la BD ou au cinéma. Depuis ce livre n’a cessé de m’attirer de nouveaux projets inattendus. Mais enfin celui-là tient le pompon : Il y a environ un an et demi François-Xavier Aubage cherchait à créer une nouvelle attraction pour le Futuroscope et s’intéressait au thème des super-héros. Après être tombé sur mon livre, il m’a contacté pour me proposer de travailler avec lui sur le projet, le conseiller sur quelques personnages à utiliser, le mettre en rapport avec certains ayant-droits et ce genre de choses.

Sans trop spoiler, l’histoire conjugue patrimoine et héritage. Elle voit apparaître une nouvelle héroïne, Etincelle mais repose sur une sorte de musée des super-héros français pour lequel on m’a demandé d’en sélectionner une quinzaine (y compris quelques super-vilains). Avec une condition : que les personnages aient été actifs avant les années cinquante (à l’intérieur du récit). Le pourquoi du comment s’explique plus facilement quand on voit l’attraction. Mais enfin, ça impliquait pas de Mikros ou Photonik puisqu’ils sont plus récents. Alors qu’à l’inverse l’Apache d’Hubert Mounier ou le Garde Républicain (ou en tout cas les précédesseurs du Garde moderne) de Thierry Mornet existaient avant cette frontière chronologique. Le choix a été cornélien. Après, ce genre d’attraction a une durée de vie qui s’étale sur de nombreuses années donc rien n’empêche de rêver d’une sorte de saison 2 avec d’autres personnages.

Il fallait un artiste qui puisse dessiner l’énorme frise qui décore le hall d’entrée et je leur ai conseillé Michel Montheillet, qui est non seulement un dessinateur plus que compétent mais qui est passionné par ces personnages et en connait bien la plupart. Ce « musée » mène à toute une histoire, un peu comme quand Stargirl tombe sur l’arsenal de la Justice Society. L’attraction en elle-même culmine avec un court-métrage d’une douzaine de minutes. Ecrit par Romain Quirot et Antoine Jaunin, réalisé par Romain Quirot c’est une vraie aventure de super-héroïne, avec tout ce qu’il faut comme références. Au passage, de la même manière que je leur avais présenté Michel pour la frise, j’ai mis en contact l’équipe avec Réplica, qui a généré le costume de l’héroïne.

Moi, j’avais dit oui parce que ce genre de proposition ne se refuse pas mais enfin je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Quand François-Xavier m’a montré le film ça m’a passablement surpris, en bien, parce que j’ai déjà vu bien des blockbusters qui n’ont pas cette qualité de production. Et surtout, surtout, le film, quand bien même il s’agit d’une histoire originale, se veut un vrai hommage aux auteurs de BD et de littérature populaire. Je pense en particulier à Pierre Mouchot (le créateur de Fantax), attaqué à l’époque parce qu’il « osait » produire ce genre de héros, à Renée Marie Gouraud d’Ablancourt (la romancière derrière l’Oiselle), vertement critiquée pour avoir inventée en 1909 son aventurière volante ou encore à René Brantonne (créateur entre autres choses de Fulguros). Et puis je pense aussi à des gens comme Hubert Mounier que ça aurait sans doute bien fait marrer ou Tanguy Mouchot qui se démène depuis des années pour faire connaître le travail de son grand-père. Ce film est moderne mais il n’oublie pas le nécessaire clin d’oeil, le nécessaire « à la vôtre » à l’attention des gens qui ont précédé. Il y a quelques jours, avec Michel Montheillet et Thierry Mornet, on nous a fait visiter l’attraction terminée à 99%, sans le public, puis nous avons vu le film. Et nous en sommes revenus avec « la banane ».

Et donc, un an et demi plus tard, « Etincelle, la malédiction de l’opale noire » a finalement ouvert au Futuroscope en ce début décembre en mode « avant-première » et démarre officiellement ce samedi 17 décembre 2022 (avec une inauguration prévue en février 2023). Les retours semblent bons, et même plus que bon, les premiers spectateurs s’étonnant que ce genre de personnages aient pu exister. Pour ma part, en signant pour ce projet, je ne m’attendais pas à quelque chose de si ambitieux. La durée de vie de ce genre d’attractions s’étalant sur plusieurs années, c’est une super opportunité d’attirer l’attention sur les travaux de gens comme Mouchot et d’autres. C’est une jolie revanche pour ces artistes pas assez connus. Je suppose que j’aurais quelques occasions de vous en reparler dans les années