X

Secret Origins Part 1

Je lis de la bande-dessinée américaine depuis 1975 mais je ne peux pas vraiment dire que j’ai choisi. Ca s’est comme imposé à moi. Et à chaque fois que j’ai tenté de manquer le rendez-vous, de tourner la tête, le destin ou mon entourage (le plus souvent à leur insu) se sont vite chargés de me remettre dans les clous. Même si j’avais voulu échapper aux comics, avec le recul je ne vois pas trop comment j’aurais pu y couper..

Au tout début des années 70 mes parents partaient du principe qu’il était normal qu’un gosse lise de la bande-dessinée, eux-mêmes en ayant lu au même âge. On m’avait donc abonné d’office au Journal de Mickey qui fut, bien que je n’en ai absolument pas conscience à l’époque, mon premier contact avec la bande-dessinée américaine. Mickey et ses amis ne m’intéressaient absolument pas. Ils semblaient appartenir au même pays idéal que Oui-Oui (à comparer j’appréciais beaucoup plus Picsou Magazine, la gouaille des héros et anti-héros étaient d’un autre niveau). Par contre, à l’époque, on trouvait dans la revue de Mickey les aventures de Mandrake et Flash Gordon. Du Zorro aussi si ma mémoire est bonne.. Et là… il y avait carrément une autre pêche. Le reste n’était que de l’accompagnement par rapport à ces héros plus orientés vers l’action. Mais l’abonnement avait cet inconvénient que dans l’immeuble le sport national semblait d’être de piquer régulièrement le magazine qui dépassait de la boîte aux lettres. Obligé de suivre Flash Gordon et Mandrake en dent de scie, une ou deux fois sur trois seulement, je me suis vite désintéressé de la chose. On a arrêté l’abonnement, il ne servait plus à rien. Mon premier contact avec la BD américaine avait mené à une impasse. Plus tard on m’a abonné à Pif Gadget et, allez savoir pourquoi, celui-là on ne me le piquait pas. Et ce n’est pas dans Pif (que j’aimais bien par ailleurs) que je risquais de croiser un super-héros… oh. Wait. Si. Il y avait Super-Matou. Mais ça s’arrêtait là…

Les mois (ou les semaines ?) passent. Un jour dans une kermesse ma grand-mère gagne un lot, au hasard, le recueil n°9 de Strange. Et comme clairement elle ne risquait pas d’en faire grand chose, elle le passe à mon père, pensant qu’il est possible que ça l’intéresse plus. Peine perdue. Le recueil de Strange dégringole donc d’un étage la généalogie familiale. On me le donne. Soit ça m’intéresse, soit il finira à la poubelle. Et je commence à le lire. Et à le lire. Et à le relire. Et je découvre des personnages qui vont encore plus plus loin en termes de caractères que les Flash Gordon ou Mandrake. Les X-Men, en particulier. Vu que c’est une équipe, par la force des choses ils sont plus enclins à se chamailler ou même à se sauter à la gorge. En fait le recueil en question contenait Strange #26, 27 et 28. La mémoire m’a longtemps joué des tours parce que celui du milieu est celui qui m’a le plus marqué. J’ai souvent dis en interview que le premier Strange que j’avais lu était le #27, avec un épisode hallucinant où le Mime s’impose par la force comme leader des X-Men. Sans doute qu’à côté de ça le #26 ne faisait pas le poids (encore que Cyclops et Angel s’y crépaient déjà le chignon). Allez, disons que j’ai lu le #26 et que j’ai réellement accroché au #27. Bref, le recueil en question est lu et relu. Au point d’être usé, abimé, détruit. Le virus est donc là. Il n’y a qu’un seul problème. Ce numéro vient d’une kermesse et je n’ai pas, à l’époque, la moindre idée d’où on peut trouver les numéros précédents ou ceux qui suivent. Vous allez me dire que je ne suis pas bien malin, qu’il y a un bon d’abonnement à l’intérieur. Mais après les mésaventures de mes Mickey je ne suis pas trop chaud. Par la force des choses, ne sachant pas où me procurer d’autres Strange, j’en reste là…

Le temps passe (un peu). En juillet 1976, direction le Grau du Roi pour des vacances familiales. On passe dans la rue piétonne, on s’arrête à une sorte de maison de la presse. Et mes parents, voyant un Strange (n°79) décident de me l’acheter, vu qu’ils se souviennent que j’avais adoré « l’autre ». Celui-là aussi je l’use (encore qu’il a survécu au temps, je l’ai encore). Je découvre une sorte de bond dans le temps. Les X-Men ne sont plus là mais il y a Captain Marvel. Puis La Veuve Noire entre dans la vie de Daredevil. Spider-Man est au rendez-vous. Iron Man je suis moins accro. Mais bon. OK, je sais où trouver Strange dans un lieu de vacances. Une fois rentré, aucune idée de comment le trouver à deux pas de chez nous (Brive-la-Gaillarde à l’époque). Finalement en janvier 1977, ouf, la superette (je suis pas sûr que le terme était employé à l’époque mais c’est ce qu’elle était) du coin ouvre un petit rayon librairie avec plein de titres de super-héros. Mais je ne les regarde pas. Le seul qui m’intéresse c’est Strange. Il est là. On en est au #85. Cette fois je décide d’affronter le taureau par les cornes. Je négocie un budget mensuel de 4 francs pour l’acheter régulièrement ce Strange. Désormais je sais où je le trouver. Je ne vais plus le lâcher. En cherchant un peu sur les marchés je vais même trouver le moyen de commencer à récolter les numéros plus anciens (c’était une époque où ce n’était pas trop difficile). Les autres revues ? Je m’en moque des autres… Hors de question que je les collectionne ou que je les lise ! En tout cas c’est ma conviction début janvier 1977. Mais ça ne va pas se passer exactement comme prévu…

(To be continued)

Categories: BD Blog Comics
Xavier Fournier:

Voir les commentaires (7)

  • Merci pour cette plongée dans le temps, Xavier. Ca me rappelle ma propre découverte des Marvel. Une première fois, en sixième, un copain nous ramène le Fantask avec les FF contre le superskrull. On adore tous mais ça ne suffit pas pour que je saute le pas. La deuxième rencontre c'est en 1971 avec le Strange n°15. Je décide immédiatement , avec mon frère, qu'on le lira régulièrement mais il faut négocier avec les parents. C'est décidé, on propose d'acheter Strange tous les mois mais en contrepartie on arrête d'acheter Mickey, qu'on achetait toutes les semaines depuis plus de dix ans. Strange/Mickey...incroyable comme le duo Marvel/disney a pu compter!

    • Tes parents y étaient gagnants. Un Strange mensuel qui, à vue de nez, devait être à trois francs à l'époque, contre un Mickey qui sortait une fois par semaine... Les super-héros leur ont fait faire des économies ;-)

  • Moi, bizarrement j'ai plus de mal à dater.
    J'avais des Pif et Picsou avant de savoir lire mais aussi des Nova (6, 12 et 15 je les ai encore). Mon 1er contact "conscient" c est Strange 112 chez des amis à ma mère en 1980 (j'ai 6 ans).. et le grizzly, le chacal, le deathstalker ou les chevaliers de Wundagore... ou le valet de coeur... ca fait assez flipper. Je pense même que je vais commencer a attraper le virus avec special strange 19, superman et Batman, Flash... (Bizarre j'ai pas souvenir de soucis de distributions.. pas en Lot et Garonne en tout cas :) )
    Le truc sympa c'est que rapidement je rencontre des voisins plus agés qui font déjà la collection ... et tout au long de mon enfance/adolescence j'aurais toujours des potes qui seront fans et avec qui je pourrais "rationnaliser" les achats (Les vengeurs pour moi, les mutants pour un autre..)

    • Il n'y avait guère de souci de distribution pour les titres LUG. C'est juste que le premier que j'ai lu ne venait pas de la filière presse et que du coup ça ne me serait jamais venu à l'esprit que les kiosques et tabacs "normaux" pouvaient accueillir une revue qui sortait tellement de l'ordinaire. Après, une fois que j'ai chopé le truc, je n'ai jamais eu de problème majeur pour trouver les LUG.

  • Je parlais en général...
    Les seuls trucs que j ai eu du mal à trouver c'était Marvel Fanfare 2 et je crois n avoir jamais vu les 2 watchmen autrement qu en reliés.. mais sinon... même avec Aredit, j ai jamais eu de mal (et je vivais en Lot et Garonne..)

  • Ma première rencontre date de 1969, le jour ou je suis tombé sur Fantask mais il a fallu attendre 1972 avec un Strange qu'un copain m'a passé, pour commencer à les lire régulièrement. Depuis j'ai plus de 3000 bd (dont la plus grosse majorité de comicsLug, Arédit, Artima...). Même si j'ai revendu quelques séries par manque de place je continue à en lire et surtout à les relire. Relire un Fantask ou l'un des premiers Strange (même retouchés) est plus magique que les nouvelles revues.
    Merci de nous avoir régalé (j'ai d'ailleurs lu la suite) et je vois que nous sommes nombreux à avoir suivi le même parcours.