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Multiverse of Darkness

Le multivers a le vent en poupe ces derniers temps dans les superproductions américaines ? Hé bien laissez tomber. Quelqu’un les a déjà coiffé au poteau depuis longtemps en allant bien plus loin et vient de pondre un nouvel exercice du genre. Antonio Maria Da Silva est passé maître dans l’exercice du mash-up cinématographique, c’est à dire la fusion de scènes tirées de différents films pour n’en faire qu’un seul. « Disclaimer » : ceci n’est pas du copinage, bien que j’ai l’intéressé dans mes contacts depuis des lustres je ne crois pas qu’on se soit croisé un jour (et d’aventure c’est arrivé, je l’ai oublié et je viens donc de vexer ce réalisateur). Mais bref, ceci pour vous dire que ce n’est pas un proche dont je vais vous faire la réclame mais un artiste qui pratique une forme de « pop art » souvent mal comprise. Démonstration ci-dessous :

Le mash-up, c’est un exercice que des gens simplistes regardent de façon condescendante en étant convaincu qu’il suffit de coller deux scènes de deux films différents à la queuleuleu et que, magie, ça marche. D’autres vous dirons que bouhouhou le fait que tous ces films soient « compatibles » prouvent bien que le cinéma est uniformisé et que nous allons tous mourir (rassurez-vous, en vrai, Al Pacino et Predator ne sont pas semblables que ça). En réalité c’est beaucoup moins simple que cela puisqu’il faut non seulement scruter les films pour débusquer ce qui est compatible ou pas. Et ça ce n’est que le début du boulot. Dans le cas d’Antonio, il créé de véritables plans intermédiaires, une nouvelle matière pour faire le lien. Il va parfois jusqu’à retrouver des doubleurs pour leur faire enregistrer de nouvelles phrases.

Le mash-up d’Antonio, c’est un multivers, une grande fête où la voiture des Ghostbusters est garée devant une discothèque où se croisent aussi bien Sean Connery, Robert de Niro, Hellboy ou Amélie Poulain jouant avec une célèbre cuillère. Parfois plusieurs personnages joués par un seul acteur se croisent, se regardent. Parfois c’est Bruce, parfois c’est Arnold. A des moments l’homme en noir de Westworld attends dans l’aire des droïdes, non loin de Gort (qui sans doute juge la planète entière). Antonio, lui, juge le cinéma qu’il passe en revue. C’est pour ça que j’évoque le terme de Pop Art. Dire que ce n’est qu’un collage de scènes. Ce serait comme penser que les collages de Warhol n’ont pas de valeur propre. Bien au contraire. Parfois Antonio règle ses comptes, une incarnation d’un personnage en dégomme un autre. Ca n’est pas facile. Le réalisateur y passe des mois. Ca n’a rien d’un exercice vain, c’est même à plusieurs moments, à plusieurs niveaux, un commentaire du réalisateur sur ce qu’il voit dans un certain cinéma. Ca n’a rien d’un gag de deux minutes. La preuve ci-dessous où vous avez son film en entier :

Cette dernière livraison, Hell’s Club 3: The Rise of Darkness, dure plus d’une heure et quart. Alors c’est vrai, j’avoue, n’étant pas fan des Bee Gees et autres fantômes du disco, la bande son est un poil un problème en ce qui me concerne. Mais ce n’est heureusement pas le principal. L’exercice est super intéressant et surtout il est mis à disposition gratuitement par l’intéressé, qui n’y gagne rien de spécial. Tout ce boulot, sans prendre en considération un quelconque rendement ou un retour sur investissement, ne demande qu’à être vu…

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Xavier Fournier: