Dans la catégorie « anniversaire dont nous ne sommes pas beaucoup à nous souvenir » (un peu à l’instar de l’Amazone Masquée le mois dernier), c’est le 18 juillet 1909, dans les pages de La Mode au Petit Journal, qu’est apparue pour la première fois l’héroïne française l’Oiselle, de la romancière Renée Gouraud D’Ablancourt (1854-1941), qui signait René d’Anjou.

A l’époque, on n’utilisait pas encore le vocable super-héros pour définir ce type de personnage mais l’Oiselle (ou Véga la Magicienne, si l’on se réfère au retitrage d’une réédition plus tardive) en a tous les mécanismes, tous les signes distinctifs. Equipée d’une combinaison noire et d’un système d’ailes artificielles (qui lui donne un air de famille avec Batman) elle vole au-dessus de Paris, elle utilise aussi un système de vision nocturne, des pilules qui permettent de ne pas dormir ou de ne pas manger. En prime, elle a un mentor télépathe… Ce qui n’est pas donné à tout le monde, vous en conviendrez.

Beaucoup de gens considèrent le Nyctalope (1911) comme le premier super-héros français. Mais l’Oiselle était bien là avant et c’est un personnage plus riche (on peut dire que pour le Nyctalope, une bonne partie de l’intérêt vient plus du fait de l’univers qu’il arpente). En 2014, quand j’avais sorti Super-Héros : Une Histoire Française, j’avais commandé une illustration au dessinateur Louis, une sorte de vue de groupe façon Justice League avec des super-héros français d’époques différentes. Du coup Louis a été, je pense, le premier à dessiner à nouveau l’Oiselle depuis les années 20. Par la suite, on a réimprimé un large extrait du roman de Renée Gouraud D’Ablancourt dans Super-Héros Français : Une Anthologie. En 2016, en s’inspirant d’un de mes deux livres (je ne sais pas trop lequel), l’artiste Little Ginkgo s’est elle aussi prise au jeu et a représenté à son tour l’Oiselle, illustration que je partage avec vous aujourd’hui, histoire de vous montrer que 108 ans après sa création ce personnage méconnu continue de voler… au moins dans l’imagination de quelques un(e)s…